Tuesday, June 17, 2008

Une diplomate française retenue dix-sept heures au passage d'Erez

Une diplomate française retenue dix-sept heures au passage d'Erez
LE MONDE | 17.06.08 | 14h54 • Mis à jour le 17.06.08 | 14h54
JÉRUSALEM CORRESPONDANT

ranchir le point de passage d'Erez, au nord de la bande de Gaza, pour pénétrer en Israël est rarement une chose simple. Les contrôles sont tatillons, l'attente interminable et le cheminement incommode dans les différents sas. Mercredi 11 juin, une diplomate française, Catherine Hyver, consul adjointe de France à Jérusalem, ainsi qu'un agent de sécurité de la représentation française l'ont expérimenté. En pire. Pendant dix-sept heures, du mercredi à 16 h 30 au jeudi matin 9 h 30, ces deux personnes disposant d'un passeport diplomatique ont été retenues dans les locaux de ce terminal, sans boire ni manger, parce qu'elles ont refusé, comme l'autorisent les pratiques diplomatiques internationales, que leur véhicule, doté de la plaque diplomatique, soit fouillé.

Au départ, cinq personnes se trouvaient à bord du véhicule diplomatique. Dont un photographe qui eut la malencontreuse idée de laisser son matériel dans la voiture avant d'emprunter la file de contrôle réservée aux non-diplomates. Les agents diplomatiques ayant affirmé que tout ce qui se trouvait à bord de leur voiture leur appartenait, y compris l'équipement du photographe, ils furent immédiatement accusés par les responsables de la sécurité d'être "des menteurs". Ceux-ci exigèrent alors une fouille complète du véhicule bien que le matériel du photographe ait pu être examiné de fond en comble. La fouille étant contraire aux usages diplomatiques et notamment à la convention consulaire de Vienne de 1963, Mme Hyver s'y est opposée.

Rien n'y a fait. Pas plus les interventions de l'ambassade de France à Tel-Aviv, du consulat général à Jérusalem, du ministère israélien de la défense. Les diplomates ont proposé de sortir tous les bagages. Ce n'était pas suffisant. Un responsable du Shin Bet (sécurité intérieure) n'a cessé d'invectiver les deux diplomates. Les trois compagnons des deux "naufragés d'Erez" ont quant à eux pu finalement franchir la frontière. Vers 23 heures, le terminal a fermé ses portes. Le personnel est parti, laissant les deux diplomates assis sur des chaises en plastique dans un hall puissamment éclairé, sans une goutte d'eau, ni une miette de pain, avec les moustiques pour seuls compagnons. A leur demande, des soldats les ont accompagnés aux toilettes. A 7 heures du matin, après une nuit sans sommeil, il a fallu parlementer longuement avec la nouvelle équipe pour pouvoir accéder à la machine à café. Voyant que la sécurité israélienne n'était pas prête à céder, que la tension montait, Mme Hyver et son compagnon d'infortune ont fini par céder. La voiture fut entièrement vidée, le contenu passé aux rayons X, y compris le courrier diplomatique.

UNE VIOLATION DES CONVENTIONS

Selon les conventions de Vienne qui réglementent les usages diplomatiques et consulaires, les voitures sont assimilées à des locaux et sont donc inviolables. Mais depuis le début de l'année, les Israéliens ont, plusieurs fois, passé outre ces mesures de protection diplomatique. Le consul général de France, Alain Rémy, a ainsi été retenu pendant plus de trois heures, le 25 janvier, au check-point de Bethléem après avoir, lui aussi, refusé d'ouvrir le coffre de la camionnette qui le suivait et transportait des cadeaux de Noël pour des religieuses.

La même mésaventure est arrivée au Père Charles-Eugène Galichet qui, ayant oublié son passeport de service, a été, pendant six heures, empêché de franchir le même check-point puis conduit au commissariat pour un interrogatoire. Enfin, depuis le 28 janvier, le bus scolaire portant une plaque consulaire qui transporte la quinzaine d'élèves palestiniens de Bethléem vers le lycée français de Jérusalem ne peut franchir le même point de passage s'il n'y a pas un diplomate à bord. Sinon, la fouille des cartables est de rigueur. Toutes les protestations et les notes verbales sont restées jusqu'à présent sans effet.

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