Wednesday, August 29, 2012

No justice for Rachel Corrie








 Photo 1: Poster commemorating the US activist Rachel Corrie, in a youth center in Rafah; Gaza Strip, October 16, 2010. / Poster commémorant l'activiste américaine Rachel Corrie, dans un centre pour jeunes à Rafah, Gaza, 16.10.2010.

Photo 2: Location where Rachel Corrie was killed on 16 March 2003 by an Israeli military bulldozer in Rafah, Gaza Strip, October 16, 2010 / Lieu où Rachel Corrie a été tué le 16 Mars 2003 lorsqu'elle a été écrasée par un bulldozer caterpillar de l'armée israélienne, Rafah, Gaza; 16.10.2010

Following photos: Demonstration for Rachel Corrie and against demolition, Um Fagarah, South Hebron, 28.08.2012

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ISM press release:

 The International Solidarity Movement (ISM) is deeply concerned by the verdict of Judge Oded Gershon that absolved Israel’s military and state of the 2003 murder of American ISM activist Rachel Corrie. Rachel was crushed to death by an Israeli army bulldozer while protesting the demolition of a Palestinian home in the Gaza Strip.

Despite the American administration stating that the Israeli military investigation had not been "thorough, credible and transparent" and the Israeli government withholding key video and audio evidence, Judge Gershon found no fault in the investigation or in the conclusion that the military and state were not responsible for Rachel’s death. Judge Gershon ruled  that Rachel was to blame for her own murder and classifies her non-violent attempt to prevent war crimes as proof that Rachel was not a “thinking person".

By disregarding international law and granting Israeli war criminals impunity Judge Gershon’s verdict exemplifies the fact that Israel’s legal system cannot be trusted to administer justice according to international standards.The ISM calls on the international community to hold Israel accountable by supporting the Palestinian call for boycott, divestment and sanctions (BDS) and continuing to join the Palestinian struggle in the occupied Palestinian territories.

Describing the situation in Gaza 2 days before she was killed, Rachel said, “I'm witnessing the systematic destruction of a people's ability to survive. It's horrifying.”  Rachel’s analysis holds true today, confirmed by the United Nations a day before this ruling, which reported that Gaza would not be "liveable" by 2020 barring urgent action.

The verdict is a green light for Israeli soldiers to use lethal force against human rights defenders and puts Palestinian and International human rights defenders in mortal danger.
This will not deter us. As long as our Palestinian sisters and brothers want our presence, the ISM will continue to find ways to break Israel’s siege, and stand in solidarity with the Palestinian people. As Rachel’s mother Cindy put it, “There were children behind the walls of the home Rachel was trying to protect...We should have all been there”.

Judge Gershon’s verdict is a travesty of justice but it is not exceptional.  As a rule the Israeli legal system provides Israeli soldiers impunity to commit murder. The only Israeli soldier convicted of manslaughter since the outbreak of the second Intifada in 2000 was Taysir Hayb, a Bedouin citizen of Israel for shooting British ISM volunteer Tom Hurndall in the back of the head with a sniper rifle as Tom was carrying a child to safety. At least 6,444 Palestinians have been killed by the Israeli occupation forces in this period, with no justice for them or their families.
  

--Français------------------------------------------------------------

L'Etat israélien exonéré de la mort d'une pacifiste américaine

Le Monde.fr avec AFP et Reuters | • Mis à jour le

Un tribunal israélien a rejeté, mardi 28 août, une plainte au civil déposée par les parents de la pacifiste américaine Rachel Corrie, tuée en 2003 par un bulldozer militaire israélien durant une manifestation. La jeune femme de 23 ans avait été écrasée alors qu'elle s'opposait avec d'autres membres du Mouvement international de solidarité et des Palestiniens à la destruction d'une maison palestinienne à Rafah, au sud de la bande de Gaza.

Contestant la décision de l'armée de clore le dossier, la famille de Rachel Corrie avait déposé en mars 2010 une plainte contre l'Etat d'Israël et le ministère de la défense en demandant un dédommagement symbolique d'un dollar.

Le juge a estimé que l'Etat israélien n'était pas responsable des "dommages causés" dans la mesure où ils s'étaient produits en temps de guerre. "Je suis parvenu à la conclusion qu'il n'y a pas eu de négligence de la part du conducteur du bulldozer", a affirmé Oded Gershon. Le juge a également affirmé que l'enquête de la police militaire avait été menée correctement.
"ACCIDENT"
Il a conclu que la mort de Rachel Corrie résultait d'un accident tout en rejetant les accusations selon lesquelles un film vidéo sur ce qui s'était passé avait été détruit.
Des témoins, pacifistes et Palestiniens, avaient par ailleurs affirmé que le bulldozer avait délibérément écrasé Rachel Corrie. Ils ont assuré que la manifestation s'était prolongée pendant plus de deux heures et que les militants étaient clairement visibles par le conducteur du bulldozer.
A la sortie de l'audience, l'avocat de la famille, Me Hussein Abou Hussein, a annoncé que la famille allait faire appel. "Le verdict est fondé sur des faits déformés et aurait pu être rédigé par le procureur. Nous allons faire appel", a affirmé l'avocat.
"Nous sommes bien entendu profondément attristés et profondément troublés par ce que nous avons entendu aujourd'hui de la part du juge Oded Gershon", a affirmé Cindy Corrie, la mère de Rachel, aux journalistes peu après la lecture du verdict.

Qui était Rachel Corrie, morte sous les chenilles d'un bulldozer israélien ?

Le Monde.fr | • Mis à jour le
"Je suis en Palestine depuis deux semaines et une heure, et les mots me manquent encore pour décrire ce que je vois", raconte Rachel Corrie dans un courriel envoyé le 7 février 2003 à sa famille, qui vit à Olympia, dans l'Etat de Washington, aux Etats-Unis. "Je ne sais pas si beaucoup d'enfants ici ont jamais vécu sans voir des trous d'obus dans leurs murs et les miradors d'une armée d'occupation les surveillant constamment depuis les proches alentours", déplore-t-elle, prenant pour la première fois conscience de l'enfance privilégiée qu'a été la sienne. 
Les courriels de Rachel Corrie ont été publiés en anglais par le Guardian ( 1 et 2) et réunis dans un petit livre en PDF par l'organisation If America knew.

Alors âgée de 23 ans, Rachel Corrie est partie fin janvier 2003 s'installer à Rafah, une ville de 140 000 habitants dans la bande de Gaza, avec sept autres volontaires américains et britanniques du Mouvement de solidarité internationale (ISM), pour jouer les boucliers humains entre la population palestinienne et l'armée israélienne. Depuis le début de la seconde intifada en septembre 2000, les habitants de ce petit territoire palestinien vivent au rythme des incursions de l'armée, qui procède à des arrestations, des bombardements et des destructions de maisons en représailles aux attentats-suicides perpétrés sur le sol israélien.

Prônant l'action directe et non-violente, les volontaires internationaux de l'ISM sont conscients des risques qu'ils prennent, mais ils se croient protégés par leur passeport étranger et entendent faire bénéficier les Palestiniens de cette protection. "Personne ne peut imaginer ce qu'il se passe avant de l'avoir vu – et même alors, on a toujours conscience que notre expérience ne reflète pas la réalité : du fait des difficultés auxquelles l'armée israélienne serait confrontée si elle tuait un citoyen américain non-armé ; du fait que j'ai, moi, les moyens d'acheter de l'eau quand l'armée détruit des puits et surtout parce que j'ai la possibilité de partir", raconte ainsi Rachel Corrie dans le courriel envoyé le 7 février.
Pourtant, le 16 mars 2003, Rachel Corrie va mourir sous les chenilles d'un bulldozer de l'armée israélienne alors qu'elle tentait d'empêcher la destruction de maisons. Première volontaire étrangère tuée par l'armée israélienne dans la bande de Gaza, Rachel Corrie est devenue un symbole de la mobilisation internationale en faveur des Palestiniens. Une pièce de théâtre basée sur ses écrits personnels a été jouée dans plus de dix pays ; l'un des bateaux engagés dans la flottille Free Gaza, le MV Rachel Corrie, porte son nom.

D'OLYMPIA À RAFAH
Rien ne prédestinait Rachel Corrie à devenir un symbole. Née le 10 avril 1979 à Olympia, une petite ville de la côte Ouest des Etats-Unis, la jeune femme grandit dans une famille peu militante. Dans ses écrits personnels, que Katharine Viner a utilisés pour la pièce de théâtre Mon nom est Rachel Corrie, l'Américaine raconte avoir commencé à militer pour la paix après le 11-Septembre, avec peu à peu l'envie d'aller voir sur le terrain à quoi ses impôts servaient. Après un stage avec l'ISM, elle part fin janvier 2003 dans la bande de Gaza.


Cachant la blondeur de ses cheveux sous un foulard, Rachel Corrie va vivre pendant plusieurs semaines le quotidien des habitants de Rafah, qui l'hébergent et la choient en signe de gratitude. "J'ai très peur pour les gens ici. Hier, j'ai vu un père emmener ses deux petits enfants, qui lui tenaient la main, hors de portée des tanks, des snipers, des bulldozers et des jeeps parce qu'il pensait que sa maison allait exploser. Jenny et moi sommes restées dans la maison avec plusieurs autres femmes et deux petits bébés. (...) J'étais terrifiée à l'idée de penser que cet homme trouvait moins risqué de marcher à portée des viseurs des tanks avec ses enfants que de rester chez lui. J'ai vraiment eu peur qu'ils soient tous abattus et j'ai essayé de rester postée entre eux et le tank", raconte-t-elle dans un courriel adressé à sa mère, le 27 février.
Chaque jour, Rachel et les autres volontaires s'interposent ainsi entre la population palestinienne et les tanks, les bulldozers ou les tireurs d'élite de l'armée israélienne. Des images qui la poursuivent la nuit, raconte-t-elle, dans ses cauchemars mais l'adrénaline a toujours raison de sa peur. Dans son dernier courriel, adressé le 28 février 2003 à son père, elle lui dit : "Ne t'inquiète pas trop pour moi, pour le moment je suis plus inquiète par le fait que nous ne soyons pas très efficaces. Je ne me sens pas particulièrement en danger."

ÉCRASÉE PAR UN BULLDOZER
Habillée d'un gilet orange fluo et armée d'un haut-parleur, Rachel Corrie bataille pendant deux heures avec les autres volontaires pour tenter d'empêcher l'avancée d'un bulldozer. "Rachel a tenu tête au bulldozer seule parce qu'elle connaissait cette famille et parce qu'elle pensait que son action était juste. S'approchant de plus en plus de Rachel, le bulldozer a commencé à pousser la terre sous ses pieds. A quatre pattes, elle essayait de rester au sommet de la pile qui ne cessait de monter. A un moment elle s'est retrouvée assez haut, presque sur la pelle. Suffisamment près pour que le conducteur puisse la regarder dans les yeux. Puis elle a commencé à s'enfoncer, avalée dans la terre sous la pelle du bulldozer. Le bulldozer n'a pas ralenti, ne s'est pas arrêté. Il a continué à avancer, pelle au niveau du sol, jusqu'à lui passer sur tout le corps. Alors il s'est mis en marche arrière, la pelle toujours au sol, et lui est repassé dessus", poursuit Dreg Sha.
"Rachel gisait sur le sol, tordue de douleur et à moitié enterrée. Sa lèvre supérieure déchirée saignait abondamment. Elle ne put que dire 'je me suis cassé le dos'. Après ça elle n'arriva plus à dire son nom ni même à parler. (...) Mais on pouvait voir son état se détériorer rapidement. Des signes indiquant une hémorragie interne à la tête apparurent bientôt. Après environ un quart d'heure des brancardiers sont arrivés et l'ont emmenée à l'hôpital", raconte Dreg Sha. Rachel Corrie est morte des suites de ses blessures à l'hôpital.

UNE VERSION CONTESTÉE PAR L'ARMÉE ISRAÉLIENNE
Quatre autres volontaires, présents sur les lieux, ont confirmé cette version des faits au journal en ligne Electronic Intifada, le 19 mars 2003. Des photographies qu'ils ont prises ce jour-là, diffusées également par le site, semblent confirmer leur version. Pourtant, cette thèse a toujours été contestée par l'armée israélienne. Selon son porte-parole, le conducteur de l'engin ne l'aurait pas vue, car elle était dans un angle mort.
Aux termes de son enquête, l'armée a conclu que Rachel Corrie a été tuée "alors qu'elle perturbait les opérations menées sur le terrain par des bulldozers" militaires. "Corrie n'a pas été tuée parce que le bulldozer l'a écrasée ou du fait de l'action de cet engin, mais parce que des amas de terre et des matériaux de construction poussés par le bulldozer l'ont ensevelie", avait affirmé le rapport d'enquête de l'armée, dont le Guardian avait obtenu copie. L'armée a aussi accusé Rachel Corrie et les autres militants d'ISM d'avoir contribué à cette mort "par leur comportement illégal et irresponsable". Le procureur général militaire a fermé le dossier dès 2003 et aucune mesure disciplinaire n'a été prise.
Contestant cette décision, la famille avait déposé, en mars 2010, une plainte au civil contre l'Etat d'Israël et le ministère de la défense en demandant un dédommagement symbolique d'un dollar. Au cours du procès, un officier israélien présent le 16 mars 2003 a pour la première fois témoigné en public de l'"accident". L'officier, dont le quotidien israélien Haaretz rapporte le témoignage (en anglais), a indiqué que les militants avaient été sommés de quitter les lieux, notamment avec des gaz lacrymogènes et que l'armée s'est déplacée à de multiples reprises. "A mon grand regret, après la huitième fois, (Corrie) s'est cachée derrière un talus. Le conducteur du D9 ne l'a pas vue. Elle a pensé qu'il l'avait vue", a-t-il dit au tribunal, confirmant le témoignage du conducteur. Le juge Oded Gershon, du tribunal du district de Haïfa, a donné raison à l'armée, en rejetant le 28 août 2012, la plainte de Craig et Cindy Corrie. Ces derniers ont décidé de faire appel.

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